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Octobre Rose 2025 pour nos OYAs,  femmes à peau noire, mate et métissée !

Octobre Rose 2025 pour nos OYAs, femmes à peau noire, mate et métissée !

Catégories : Actualités , LE MAG'OYA
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Chaque mois d’octobre, le ruban rose est mis à l’honneur pour rappeler l’importance du dépistage du cancer du sein. Plus de 61 000 femmes sont touchées par ce cancer chaque année en France, ce qui en fait le cancer le plus fréquent et la première cause de décès par cancer chez les femmes. Dédié à la sensibilisation, ce mois se veut une piqûre de rappel sur l’importance du dépistage.

Mais derrière cette mobilisation, une réalité reste souvent passée sous silence : celle des femmes ayant une peau noire, mate et métissée. Car face à cette maladie, toutes les femmes ne sont pas égales.

Malgré le fait qu’elles soient davantage en première ligne face à certaines formes agressives de la maladie, elles restent très peu représentées dans les études médicales. On constate également un manque d’information, une faible représentation dans les campagnes de prévention, ainsi que des diagnostics trop souvent tardifs ou erronés. De nombreuses femmes noires ne sont donc ni préparées, ni prises en charge comme elles le devraient, et leur santé demeure un véritable enjeu.

Femmes noires et cancer du sein : un risque accru

En France comme ailleurs, la question du cancer du sein est universelle… mais les réalités ne le sont pas. Selon plusieurs études internationales, les femmes noires, mates, métissées et afro-descendantes sont touchées différemment et restent sous-représentées dans la recherche et la prévention. Ces travaux mettent en évidence des disparités inquiétantes :

  • Un taux de mortalité plus élevé : aux États-Unis, les femmes afro-américaines ont un taux de mortalité 40 % supérieur à celui des femmes blanches, alors même que le nombre de nouveaux cas est légèrement plus faible (CDC, 2022).
  • Prévalence du cancer “triple négatif” : ce type de tumeur représente 15 % des cas en population générale, mais jusqu’à 30 % chez les femmes noires (Journal of Clinical Oncology). Plus agressif, il évolue rapidement et réduit les options thérapeutiques.
  • Un diagnostic plus tardif : au Royaume-Uni, près d’une femme noire sur deux est diagnostiquée à un stade avancé, contre une sur trois chez les femmes blanches (Cancer Research UK). En France, faute de statistiques ethniques, les oncologues témoignent de patientes afro-descendantes arrivant souvent avec des tumeurs plus volumineuses.

Invisibilité dans la recherche médicale

Un autre problème majeur est le manque de diversité dans les essais cliniques.

  • Sous-représentation : la majorité des protocoles incluent principalement des femmes blanches européennes ou nord-américaines. Les femmes noires, asiatiques ou métissées représentent parfois moins de 10 % des échantillons.
  • Spécificités biologiques insuffisamment étudiées : certaines différences génétiques ou hormonales influencent la réponse aux traitements. Par exemple, la mutation BRCA1, associée à un risque accru de cancer du sein, semble plus fréquente chez certaines populations afro-caribéennes. Mais les données restent fragmentaires.

Ce manque d’inclusion entraîne un biais majeur : les recommandations médicales sont souvent élaborées sur des bases incomplètes, ce qui peut compromettre l’efficacité des traitements pour certaines patientes.

Une représentation insuffisante dans la prévention

La prévention repose beaucoup sur la communication. Or, qui dit communication dit représentation. Les campagnes d’Octobre Rose, largement diffusées en France, montrent encore très peu de diversité.

  • Visuels et témoignages uniformes : la plupart des affiches, spots TV et publications sur les réseaux sociaux mettent en avant des femmes blanches, jeunes et urbaines, invisibilisant la diversité des réalités sociales. Lorsqu’une femme ne se reconnaît pas dans un message, elle peut penser inconsciemment : « ça ne me concerne pas ».
  • Poids des biais culturels : dans certaines communautés afro-descendantes, la consultation médicale n’est pas systématique. Le rapport à la maladie, parfois associé à des représentations culturelles ou spirituelles, combiné à un manque d’information, peut retarder la démarche de dépistage.
Aminata, 35 ans, à Marseille, raconte : « Dans ma communauté, on disait qu’il fallait prier. J’ai perdu une cousine faute de soins précoces. »
Mariam, 48 ans, à Montreuil, témoigne : « Mon pasteur a invité une équipe médicale dans notre paroisse. Trois femmes ont découvert leur cancer à temps. »

Ces témoignages rappellent que la religion et la culture peuvent parfois freiner, mais aussi favoriser la prévention, selon la manière dont elles sont mobilisées. Enfin, la méfiance vis-à-vis du système médical, nourrie par des antécédents de discriminations, entretient une réticence à consulter ou à suivre un protocole.

Tout cela soulève une question centrale : l’égalité d’accès à la santé. Si le dépistage est universel en droit, il ne l’est pas toujours en pratique. Lorsque les campagnes, les messages ou même la recherche ignorent les spécificités des femmes noires et métissées, une partie de la population se retrouve en danger.

Les écarts observés ne relèvent pas seulement de facteurs biologiques ; ils sont largement liés à des réalités sociales, culturelles et structurelles : manque d’information adaptée, accès limité aux soins spécialisés, retards de dépistage ou encore méfiance envers le système de santé.

« On parle d’un double handicap, biologique et social », résume la Dr Paola Marignani, oncologue.

En d’autres termes : une prévention non inclusive alimente les inégalités — et ces inégalités coûtent des vies.

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Dépistage précoce : un enjeu vital

Pourquoi le dépistage précoce est crucial

Les données montrent que les femmes noires subissent plus de retards à chaque étape du parcours de soin. Comme on l’a vu plus tôt, le cancer du sein est plus traitable lorsqu’il est détecté tôt, avant qu’il ne se propage. Les chances de guérison diminuent à mesure que le stade augmente.

Pour les femmes noires ou métissées, ce défi est d’autant plus sensible que :

  • Elles présentent plus souvent des formes agressives (ex : cancer triple négatif).
  • Elles subissent des délais de diagnostic plus longs que les femmes blanches. Une étude montre que les femmes noires avaient en moyenne 10 jours supplémentaires de retard dans la phase diagnostique et étaient plus souvent sujettes à des retards ≥ 45 jours.
  • 20 % des femmes noires avaient un délai de diagnostic supérieur à 60 jours, contre 12 % chez les femmes blanches.
  • Après le diagnostic, les retards dans le début du traitement sont plus fréquents : 69 % des femmes noires commencent un traitement dans les 30 jours, contre 82 % des femmes blanches.
  • Un retard de traitement supérieur à 60 jours concerne 15 % des patientes noires contre 8 % chez les patientes non noires, dans certaines cohortes.

Ces retards, qu’ils concernent le diagnostic ou le traitement, contribuent à ce que les femmes noires soient plus souvent diagnostiquées à des stades avancés, ce qui diminue considérablement leurs chances de guérison.

« Le problème n’est pas tant la biologie que le retard au diagnostic et les inégalités d’accès aux soins », explique le Pr François-Clément Bidard, oncologue à l’Institut Curie.

L’auto-palpation dès 25 ans : une habitude précieuse (mais pas suffisante)

Il est recommandé de faire examiner vos seins (observation et palpation) une fois par an à partir de 25 ans par votre médecin généraliste, votre gynécologue ou votre sage-femme.

Pourquoi commencer tôt ?

Apprendre à connaître sa poitrine (forme, densité, texture, éventuelles asymétries), afin de pouvoir repérer ce qui est nouveau ou inhabituel.

Bien que l’auto-palpation ne remplace pas les examens médicaux (mammographie / imagerie), elle peut aider à détecter des anomalies visibles ou palpables entre les examens.

Comment faire l’auto-palpation ? (avec attention aux spécificités des peaux foncées)

  • Se positionner devant un miroir, bras relâchés, puis le bras levé, observer si un sein diffère de l’autre : volume, forme, peau, mamelon.
  • Palpation couchée : avec la main opposée, utiliser les doigts (index, majeur, annulaire) plats pour palper la poitrine en cercles concentriques, du pourtour vers le mamelon, puis dans des lignes verticales du haut vers le bas.
  • Palpation debout (ou sous la douche, peau glissante) : même procédé, car certaines masses sont mieux ressenties debout.
  • Examen du mamelon et de l’aréole : presser doucement pour voir si un écoulement (clair, sanglant) survient.
  • Observer la peau : vérifier toute modification de texture (épaississement, “peau d’orange”), rougeur, rétraction, fossette, ride soudaine. 

Il est important de noté que sur peau noire, mate et métissée

Certaines altérations visuelles (rougeurs, inflammations, changements de couleur) peuvent être plus difficiles à discerner. Une rougeur peut paraître comme une “zone plus foncée”, un œdème peut être moins visible. Il faut donc être particulièrement attentif aux différences par rapport à l’aspect habituel de sa peau. ce qui exige une attention accrue aux modifications de texture (épaississements, fossettes) ou aux symptômes associés (douleur, sensation de tiraillement).

Limites et précautions

L’auto-palpation peut générer une fausse sécurité : il ne faut pas renoncer aux examens médicaux réguliers en pensant “rien ressenti = pas de cancer”.

Si une anomalie est perçue (nodule, douleur persistante, changement de peau), il faut consulter sans tarder.

Mammographie & examens complémentaires : quand commencer et avec quelle fréquence

En général, la mammographie est recommandée tous les 2 ans à partir de 50 ans pour la population à risque moyen. En cas d’antécédents familiaux, de facteurs de risque élevés, ou d’une mutation génétique, certains protocoles préconisent un dépistage plus précoce (parfois dès 40 ans). Dans les populations afro-américaines par exemple, on observe que le cancer survient souvent à un âge plus précoce : certaines sources suggèrent d’envisager un dépistage précoce pour les femmes noires dès 40 ans, surtout en présence de facteurs de risque.

« À 28 ans, on m’a dit que j’étais trop jeune. J’ai dû me battre pour obtenir une mammographie », raconte Marie, aujourd’hui âgée de trente ans.

Imagerie complémentaire & spécificités de la densité mammaire

Chez les femmes à peau noire, la densité mammaire (c’est-à-dire la proportion de tissu glandulaire par rapport à la graisse) peut rendre la lecture de la mammographie plus difficile dans certains cas, ce qui impose parfois d’employer des ultrasons ou IRM complémentaires. Une mammographie peut ne pas détecter certaines formes (ex. cancers inflammatoires) — les changements cutanés ou symptomatiques doivent toujours déclencher un examen, même en absence de lésion visible à l’imagerie.

Quelles avancées scientifiques ?

La recherche ouvre de nouvelles perspectives. L’immunothérapie, avec des molécules comme le pembrolizumab, aide le système immunitaire à attaquer les cellules tumorales. Les thérapies ciblées, comme le trastuzumab pour les cancers HER2+, permettent des traitements de précision. La biopsie liquide, qui détecte des cellules cancéreuses dans le sang, est en plein développement, tandis que l’intelligence artificielle améliore déjà la lecture des mammographies. « L’innovation n’a de sens que si elle est accessible à toutes », insiste le Pr Bidard. Demain, les chercheurs imaginent des vaccins thérapeutiques capables de cibler directement les cellules tumorales, et une médecine de précision où chaque traitement sera personnalisé en fonction de l’ADN tumoral.

En parallèle, de nombreuses patientes trouvent un réconfort dans les médecines complémentaires. Acupuncture, sophrologie, hypnose, yoga ou méditation permettent de soulager la douleur, de réduire le stress et d’améliorer la qualité de vie. Mais ces pratiques doivent toujours être encadrées par un suivi médical.

« Elles peuvent apaiser, mais ne remplacent jamais les traitements conventionnels », rappelle la Dr Claire Bastuji, psycho-oncologue.

Et la vie après le cancer ?

La vie après un cancer est une étape complexe. Beaucoup de femmes redoutent la récidive, qui touche environ une patiente sur cinq. Elle peut être locale, régionale ou se manifester à distance sous forme de métastases. De nouvelles options existent : thérapies ciblées, immunothérapie, hormonothérapie prolongée. Mais au-delà des traitements, l’enjeu est psychologique. Chaque contrôle médical peut raviver le traumatisme.

« La récidive est le spectre permanent, mais nous disposons d’outils thérapeutiques de plus en plus efficaces », explique la Dr Hélène Dupuis, radiologue à Gustave Roussy.

Le rôle du psychologue est central pour aider les patientes à gérer cette peur et à reconstruire une vie après la maladie. Les proches, conjoints, enfants ou amis, jouent également un rôle décisif. Ils deviennent aidants malgré eux, et leur implication mérite reconnaissance et soutien.

La reconstruction physique complète ce parcours. La chirurgie réparatrice n’est pas qu’un geste esthétique : elle permet aux femmes de se réapproprier leur corps. Sur peaux noires et métissées, le risque de chéloïdes est plus élevé et les chirurgiens doivent adapter leurs techniques. Les dermatologues proposent ensuite des traitements adaptés – silicone, lasers fractionnés, protocoles spécifiques – pour limiter les cicatrices.

« Après ma chimio, ma peau a beaucoup souffert. Mon dermatologue m’a prescrit un protocole adapté et j’ai retrouvé confiance », confie Naïma, quarante-deux ans.

Et à l’international ?

Ailleurs dans le monde, les mêmes réalités se répètent. En Afrique de l’Ouest, les campagnes de dépistage itinérantes, comme au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, montrent qu’amener la médecine au plus près des femmes permet de diagnostiquer plus tôt. Dans les Antilles françaises, le dépistage est gratuit mais trop peu utilisé. En Guadeloupe et en Martinique, les taux de participation restent inférieurs à ceux de la métropole, alors même que les formes agressives y sont plus fréquentes.

« En Guadeloupe, j’ai attendu huit mois avant d’obtenir une IRM. Ce délai m’a coûté cher », raconte Carole, 46 ans.

Ces exemples rappellent l’importance de campagnes de prévention adaptées à chaque territoire.

Des associations engagées !

La lutte contre le cancer du sein ne repose pas seulement sur les hôpitaux, mais aussi sur un tissu associatif engagé. La Ligue contre le cancer finance la recherche et sensibilise dans toutes les régions. Vivre Comme Avant propose l’accompagnement humain de femmes passées par la maladie. Europa Donna défend le droit à un dépistage adapté et inclusif. La Fondation ARC soutient exclusivement la recherche. SOS Cancer du Sein, avec ses événements sportifs et culturels, brise l’isolement, tandis qu’Imagine for Margo concentre son action sur les cancers pédiatriques.

Toutes ces associations vivent des dons et du bénévolat. Donner, même modestement, c’est financer un essai clinique, un soutien psychologique ou une aide sociale à une famille.

« Chaque euro compte, car il se traduit par un pas de plus vers un traitement ou par un accompagnement pour une femme en détresse », rappelle un représentant de la Fondation ARC.

Octobre Rose 2025 : un tournant nécessaire

Octobre Rose 2025 doit marquer un tournant. Pendant trop longtemps, les femmes noires et métissées ont été les grandes oubliées des campagnes de prévention. Leur donner une place centrale, c’est reconnaître leurs spécificités biologiques et sociales, mais aussi leur offrir les mêmes chances de survie.

Le cancer du sein n’épargne personne : jeunes, moins jeunes, femmes de toutes origines sont concernés. La médecine progresse, les associations se mobilisent, mais la vigilance collective reste essentielle. Le cancer du sein n’a pas de couleur. La victoire, elle, sera collective.

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